
C'est celle d'une participante, partagée lors du bilan de la formation "Prendre soin de soi face à la souffrance des autres" qui s'est tenue les 6 et 7 octobre derniers.
Et cette phrase m'a profondément touchée. Elle m'a touchée parce que j'ai conçu cette formation précisément pour cela : provoquer cette prise de conscience et, surtout, transmettre les outils pour y trouver des solutions.
Elle m'a touchée aussi parce que j'ai rêvé de créer cette formation pendant des années. Le constat : l'épuisement silencieux de ceux qui aident. À force d’animer d'autres formations, j'entendais constamment les mêmes souffrances revenir, sans avoir le temps ni l'espace pour y répondre.
J'ai vu le besoin urgent de créer un espace dédié à ceux dont le métier est d'accompagner les autres.Un espace où l’on peut enfin poser les valises. Où l'on peut parler de ce qui épuise, de ce qui blesse, de ce qui use au quotidien.
De ce qui nous transforme négativement, souvent sans même que l'on s'en rende compte. Je voulais offrir un lieu pour apprendre à devenir un autre professionnel.
De l'empathie au traumatisme vicariant. Nous parlons souvent d'empathie comme d'une qualité indispensable.
Mais à quel prix ?
L'objectif de cette formation est d'apprendre à être un professionnel qui peut être empathique sans sacrifier sa propre santé mentale.
C'est apprendre à considérer la préservation de soi comme une responsabilité professionnelle, et non comme de l’indifférence ou de l’égoïsme.
C'est, enfin, oser regarder en face le traumatisme vicariant : cette usure profonde qui naît de l'exposition répétée à la souffrance des autres. Pendant deux jours, nous avons parlé de ce qui fait mal. Du poids de cette souffrance. De la difficulté à mettre des limites.
De ce sentiment de culpabilité de ne pas pouvoir “faire plus”, surtout dans un contexte où les moyens diminuent alors que la détresse, elle, augmente. La sécurité, un prérequis pour se "ressourcer". Et pourtant, malgré la lourdeur des sujets, voici les mots que j'ai entendus lors du bilan : « empathie », « bienveillance », « sécurité », « apaisant », « légère », « ressourcée ». Une participante m'a même confié n'avoir ressenti « aucune sensation de fatigue, contrairement aux autres formations ». Ces retours sont un cadeau immense.
Ils confirment que lorsque le cadre est suffisamment sécurisant et bienveillant, on peut aborder les sujets les plus difficiles sans s'épuiser, mais au contraire, en se "ressourçant".
Alors forcément, ces retours me touchent. Je me dis que je n’ai pas travaillé pour rien. Les participants ont pris conscience de là où ils en sont, et ils ont vu que des solutions sont possibles.
Il y a eu ce moment suspendu de gratitude, où j’ai été attrapée au vol de l’émotion, avec un petit trémolo dans la voix en disant "merci". Et ce n'est pas grave.
Car nous avons aussi appris cela ensemble : trouver sa juste place professionnelle.
Je veux remercier infiniment les participants de m’avoir fait confiance et de m’avoir suivie sur ce chemin qui n'est pas facile.
Merci d'avoir participé avec autant de respect et d’écoute mutuelle. Merci d'avoir, en quelque sorte, "essuyé les plâtres" de cette grande première pour moi sur ce thème, et surtout, de me donner une formidable envie de continuer.
Merci enfin à l'OFIPA (Organisme formation pour insertion professionnelle) d’avoir cru en cette idée dès le début et de m’avoir fait confiance pour en faire une formation alignée avec les besoins réels des professionnels de terrain.
L'aventure ne fait que commencer.